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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/95

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masse de travailleurs qui se vendent. Un abîme les sépare. Quelques riches, des millions de pauvres ; quelques propriétaires, des millions de prolétaires ; voilà surtout la société anglaise et aussi un peu la société française. Au-delà et en-deçà de la Manche, rien encore ne semble devoir réconcilier ces adversaires. En Écosse, au contraire, l’abîme n’est pas infranchissable ; non plus qu’aux États-Unis. Là, à cause de la bienheureuse influence des Banques ; ici, à cause des terrains immenses où l’on peut s’étendre ; mais c’est en Écosse surtout que l’expérience économique fournit les résultats les plus concluants : le simple ouvrier n’y est plus un paria, comme partout ailleurs sur le globe ; avec du courage, il devient actionnaire d’une Banque, et ensuite propriétaire. C’est le commencement du règne de l’égalité ; non de l’égalité des niveleurs, mais de celle qui consiste dans le respect de l’homme pour l’homme. Sans doute les Banques n’ont pas contribué seules à l’accomplissement de cet heureux résultat, car il n’y a eu en Écosse ni dimes, ni taxe des pauvres, ni manque de routes ; mais il faut leur attribuer une bonne part des progrès que ce pays a faits. Je vous ai parlé de l’Espagne, où la nature prodigue fait tout et l’homme rien ; eh bien l’Écosse est dans des conditions tout opposées ; la nature laisse tout à faire ; le ciel est froid et brumeux, la terre humide ; mais les hommes y déploient une activité qui combat avec avantage la rigueur du climat et l’âpreté du sol.

Aujourd’hui, en parcourant l’Écosse, on trouve