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Page:Blanqui - Critique-sociale II.djvu/13

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l’épargne

lés ? Et sous quelle forme ? fixe ou mobile ? Mobilière ou immobilière ?

Quelque énorme qu’on suppose le capital disponible, à si bas prix qu’il descende, la nation, dans une année, ne peut fournir au delà d’une certaine quantité de main-d’œuvre. À quoi bon dès lors cette accumulation de l’épargne ? Elle ne saurait provoquer une production qui dépasse les forces créatrices du pays. Elle est donc inutile et pis qu’inutile, funeste. Son unique résultat est de substituer l’arbitraire à la spontanéité et d’asservir le travail au régime de la fantaisie. Bien plus, sous prétexte de le créer, elle commence par le détruire.

Aucune société ne peut vivre sans morale et la morale a pour fondement la justice. « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît. » Cette loi, gravée dans les cœurs, est aussi vieille que l’humanité historique. Toutes les doctrines aspirent naturellement à la prendre pour enseigne et l’économie politique, bien que bâtie de chiffres, non de sentiments, n’a pas manqué de l’inscrire sur sa bannière, surtout depuis l’apparition du socialisme.

Patronne obligée du capital qui est toute sa religion, elle s’évertue à réconcilier avec la conscience humaine le prêt à intérêt flétri du nom d’usure par l’instinct universel de tous les peuples. Elle va jusqu’à s’attendrir sur les vertus qui l’ont mis au monde et voudrait entourer son berceau