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Page:Blanqui - Critique-sociale II.djvu/18

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critique sociale

dont la production est interdite à son climat. S’emporter à une débauche d’industrie qui la mettrait, pour ses vivres, à la merci de l’étranger, serait une faute peut-être mortelle. Prendre chez le voisin ce qu’on pourrait fabriquer soi-même est un stigmate d’infériorité.

L’histoire atteste que la puissance fondée sur l’usine et le comptoir est une puissance éphémère. Athènes, Tyr, Carthage, la Hanse, Venise, Gênes, Pise, la Hollande, disent la brièveté de cette splendeur. L’agriculture seule est une base solide et durable. On ne garde jamais indéfiniment la suprématie dans l’industrie et le commerce. Des rivaux surgissent, parfois des vainqueurs. C’est le signal d’une chute, presque toujours irréparable,

En général, toute importation dénote une incapacité, toute exportation un malaise. Dans le premier cas, 1l y a des consommateurs qui ne savent pas produire ; dans le second, il y a des producteurs qui ne peuvent consommer.

À preuve 1848 et 1849. Ces deux années ont été remarquables par l’énorme excédent de nos exportations. L’affaissement de la consommation arrêtait à la fois les arrivages de l’extérieur et forçait de chercher à tout prix au dehors les débouchés qui n’existaient plus au dedans. Par haine et par peur, l’argent s’était retiré en masse, laissant le travail à sec.