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Page:Blanqui - Critique-sociale II.djvu/51

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propriété intellectuelle

Jusqu’ici la force a été reine, la pensée esclave. Mais peu à peu les rôles s’intervertissent. La pensée est encore servante, et déjà pourtant son droit se fait jour, et se révèle en complète hostilité avec celui de la force. Il faudra bien que la société née de la violence plie, bon gré mal gré, sous les lois de la reine légitime. Tout en fesant, selon son habitude, la guerre du couteau, elle cherche avec anxiété les voies d’une transaction. Mais tout pacte est impossible.

L’impuissance de formuler une loi sur la propriété intellectuelle prouve qu’intelligence et propriété individuelle sont deux antagonismes irréconciliables. La force, sous tous ses aspects, est l’affirmation brutale de cette propriété. La pensée, dans toutes ses manifestations, en est l’inflexible démenti. La force sera écrasée, ses œuvres seront mises à néant.

Les apôtres de l’idée n’ont jamais eu pour lot que la servitude et la misère. Cette destinée ne S’adoucit pas. Plus un homme s’approche de la pensée pure, plus l’arrêt qui le frappe est sans pitié. Ils périssent par centaines, par milliers, ceux que les lois de la force balaient du monde matériel.

Qu’on examine de près le talent qui a su faire fortune. On trouvera sur le caractère une tache, une tare, la piqûre du ver dans un beau fruit. Ce n’est plus l’être sublime planant dans les régions