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Page:Blanqui - Critique-sociale II.djvu/9

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l’épargne

montante, toujours exigible, et le créancier de cette dette se compose précisément de la classe la plus sujette aux paniques. De là, sur sa tête, la menace des suspensions forcées de paiement. Ce fil de la banqueroute s’est rompu une fois déjà en 1848. Tout accourut au remboursement. L’État, mis au pied du mur, insolvable, a dû violer ses engagements, consolider d’autorité cette dette. flottante, au détriment tout à la fois des créanciers et du Trésor. Le Trésor a consolidé au-dessus du cours, sacrifiant ainsi la différence. Les créanciers ont perdu le cinquième de leur capital, puis vendu leurs titres à vil prix, par peur et par besoin. L’agiotage, comme d’habitude, a pêché en eau trouble et bénéficié de toutes les pertes. Eh ! bien, cette leçon n’a pas servi. La dette flottante s’est bientôt reconstituée par l’insouciance oublieuse des uns, par le calcul machiavélique des autres. Point d’accusation plus grave contre les économistes que cette caisse d’épargne, œuvre Chérie-de leurs coryphées, prônée, répandue par eux tous, au mépris de leur dogme fondamental, la non-intervention de l’État dans les affaires privées. De quel droit, à quel titre, cette levée de vingt-cinq à trente millions sur le pays pour servir un revenu à quelques milliers de personnes ? Parmi les hommes de cette génération, qui ne se rappelle les hurlements de la finance contre les prêts du Trésor aux associations ouvrières ?