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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/104

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LE SATANISME ET LA MAGIE

défunts de la contrée, plus subtils que les parents de l’agonisant, veulent lui offrir d’avance une fête de retrouvailles, et à travers les parois fluides du cercueil, il reconnaît la tête prédestinée.


Le lendemain, le sorcier raconte son aventure et sa clairvoyance ; il désigne celui ou celle qui doit trépasser ; mais il lui faut se taire bientôt. Les gens du pays s’ébrouent à l’entendre ne se tromper jamais dans ses prévisions de mort. Désormais, il scellera les révélations de ses nuits dans un silence qui est déjà le tombeau[1].

D’ailleurs ses rêves sont la part fatidique de sa vie Il se croit à la chasse, en quelque forêt ; soudain le chien jappe, deux perdrix se lèvent, il fait feu ; elles tombent ; mais, ô stupéfaction ! ô remords ! deux pales visages de jeunes filles sanglants, qu’il remémore, ont remplacé le gibier foudroyé. Peu de jours après, il va rendre visite aux deux sœurs que son rêve extermine !. Elles agonisent en effet, et l’une d’elles, à sa vue, tout à coup redressée, ses ongles en furie tendus vers le terrible intrus, hurle dans le suprême râle : « Assassin ! Assassin ! »

Parfois c’est son tour d’être la victime ; sans qu’il s’en doute, aux heures d’inconscience nocturne, son âme animale, apte aux métempsychoses, revêt la forme qui lui plaît, de bête fauve, d’oiseau. Qu’en sait-il ? rien ; sauf qu’au matin parfois il se lamente, battu, déchiré, car ses ennemis l’ont reconnu sous la forme nouvelle et l’ont harcelé jusqu’à l’heure du réveil ; alors ils lui reprochent

  1. Ce fait est fréquent à Belvédère (Corse) où le poète M. Lorenzi di Bradi en a pu constater la véracité ; cette ronde fantomale est appelée par les paysans la « squadra di roda »