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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/227

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LES MESSES NOIRES

chair débile et toute blanche, où coule un peu de bave, luit comme une hostie innocente dans la noire salle. Un canif tremble aux doigts du prêtre ; voilà que l’enfant, contre le monstre, s’accroche aux vêtements sacrés gracieusement. Alors Guibourg chuchote

« Notre Seigneur Jésus-Christ laissait venir à lui les petits enfants. Aussi j’ai voulu que tu viennes, car je suis son prêtre et tu vas par ma main, que tu dois bénir, t’incorporer à ton Dieu. »

Ceci dit, il frappe. La tête « languissante » se penche, miniature du Divin Mis en croix ; de la blessure tombe à flots le sang dans le calice et sur l’autel qui houle. La femme détend ses bras, qui s’écartent du corps, symbolisant le supplice surhumain de Jésus, eux qui forment avec le tronc pantelant une croix de luxure, où luisent, par chaque poing, les clous colossaux de deux candélabres allumés !… Puis le frêle cadavre enfantin vidé, tordu comme une éponge de chair, la Des Œillets le reprend, en arrache les entrailles qui doivent servir à d’autres enchantements.

Guibourg remue dans le calice le sang et le vin. L’hostie rompue épaissit le liquide rosâtre embourbé d’une poudre criminelle, os d’enfants broyés, cendres sans baptême. Telle doit être la matière du sacrement !

« Ceci est mon corps, ceci est mon sang, » prononce-t-il.

Il boit ; l’autel boit aussi ; la sanguinolente rosée inonde les lèvres, le ventre, les seins d’un divin flux de meurtre. Le drame palpite maintenant dans les trois mondes, sur terre, au ciel et dans les enfers. La Voisin, sa fille, la Des Œillets se penchent sur le définitif sacrilège qui s’achève par l’orgie d’un sacerdoce enragé secouant d’une étreinte le vivant autel parmi le ruissellement de Jésus-Christ !