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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/313

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L’ENVOUTEMENT DE HAINE

ses boyaux percés de part en part. Un potier fouilla le seuil et y trouva une image longue d’une palme, perforée d’une aiguille. Le sortilège jeté au feu, la femme est guérie.

Tous les livres qui ont touché de près ou de loin au satanisme parlent longuement des maléfices de Gauffridi (1610), de Grandier (1632), de David, Picard, Boullé (1647), je n’y reviendrai plus. Nul n’en ignore.

Combien plus instructif, quoique sans argutie théologique, le procès des sorciers de Pacy et du fameux berger Hocque. Beatrix, un mouchard, parvient à lui extraire après boire son secret. « Je me suis servi, dit Hocque, d’un engin composé d’eau bénite, de fragments d’hostie, d’excréments d’animaux, de riz corrompu et de grains de chapelet. Nous appelions ce charme « les neuf conjurements » ou « le beau Ciel-Dieu ».

Bras-de-Fer, autre liseur de grimoires, est chargé par Ilocque de déterrer le paquet qui est en effet découvert aux écuries. Au moment même où on le brûle, Hocque dans sa prison meurt « avec des convulsions étranges », comme un possédé !

Malgré la guerre du scepticisme, menée par Voltaire et les encyclopédistes contre les superstitions, le xviiie siècle fermente de satanisme, un satanisme de cloître, plus redoutable et plus hypocrite, qui permet au souffle révolutionnaire de l’emporter bientôt sur l’esprit chrétien, celui-ci étant lourd d’impuretés cléricales. En 1731, le prêtre Girard envoûte d’amour La Cadière. Le vieil Androgyne du temple se redresse et s’agite aux conjurations de Cagliostro. La Révolution française n’est peut-être que l’orage suprême, d’un formidable cyclone d’envoûtements