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LE SATANISME ET LA MAGIE

Notre siècle, si stérile en miracles, avoue çà et là, par quelques procès étranges, la persistance du rite maudit sous l’indifférence et l’épaisse raillerie des MM. Homais.

Un conseil de guerre, présidé par le lieutenant-colonel de Cantillon de Ballahègue, faisait comparaître le 28 août 1824 le soldat Lebel, lancier en garnison à Sézanne, prévenu d’avoir escroqué une somme à la famille Tournecuellière. « Oui, répond Lebel, j’ai accepté de l’argent de ces gens-là, mais pour avoir guéri d’un envoûtement leur fille. » Lebel fut condamné, quoique la famille, loin de se plaindre, confirmât par ses dépositions la réalité du prodige. En appel, le lancier fut acquitté, et on inscrivit au jugement que le mal dont la jeune fille fut sauvée avait échappé aux médecins et ne semblait pas le résultat d’un désordre des organes.

En 1842, une pétition est adressée aux Chambres par M. Croissant, qui demande à être protégé contre trois malandrins qui l’exterminent à coups de fluides. On en rit. Mais Lavaud, l’un des magiciens désigné, ayant été arrêté, M. Croissant va mieux. On relâche Lavaud sans en faire part au persécuté. Celui-ci s’en aperçoit aussitôt à la reprise des hostilités magiques. Sans que nul n’en soit avisé, Lavaud est arrêté encore. Le lendemain, Croissant est sauf de tout malaise[1].

L’affaire du berger Thorel est plus concluante encore.

En 1851, le berger Thorel, si j’en crois le marquis de Mirville, qui eut en mains les pièces du procès et fut même témoin oculaire, attaque devant la justice de paix le curé de Cideville pour trois coups de gourdin dont ses

  1. Des esprits et de leurs manifestations fluidiques (t. Ier, p. 331-363).