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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/104

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l’Orangerie. Elle avait poussé jusqu’au bout du quinconce planté au-dessus de la grille du pont tournant, et elle venait droit à lui.

Il la reconnut de loin et il a trouva encore plus à son goût que l’avant-veille. Dans le salon de la rue du Rocher, il n’avait pu juger que de sa figure, et on ne connaît bien une femme que lorsqu’on l’a vue marchant, au grand jour. Beaucoup qui brillent, assises et aux lumières, perdent à cette épreuve. Mlle Violette y gagnait. Sa taille était charmante ; elle avait ce que Dumas fils appelle la ligne, c’est-à-dire une tournure attrayante, une allure gracieuse et dégagée, une parfaite harmonie dans les proportions du corps et dans les mouvements.

Elle n’était pas très grande, mais pas trop petite non plus. Et elle était mise avec goût, quoique très simplement. Une toilette noire qu’elle portait à merveille faisait ressortir la blancheur de sa peau, l’éclat de ses grands yeux noirs et l’or de ses cheveux blonds.

Elle ne paraissait pas troublée du tout et elle aborda Robert en lui tendant la main : une petite main finement gantée de noir.

— Merci d’être venu, lui dit-elle. J’y comptais, je l’avoue, mais je suis heureuse de voir que je vous avais bien jugé.

— Et moi, mademoiselle, répliqua Robert en souriant, je suis fier de vous avoir inspiré assez de confiance pour que vous n’ayez pas craint de recourir à moi.

— Qu’aurais-je pu craindre ? Nous n’avons échangé que bien peu de mots, mais je me flatte