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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/105

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que nous nous sommes compris. Du reste, aux premières paroles que vous m’avez adressées, j’ai répondu en vous posant mes conditions… et vous les avez acceptées.

— Il m’en a coûté de m’y soumettre, mais je ne saurais nier que je vous ai promis de ne pas vous faire la cour.

— C’est tout ce que je vous demande.

— Je n’ai pas promis de ne pas vous aimer.

— Eh bien ! aimez-moi comme je vous aime… d’une bonne et franche amitié. Vous allez me dire que ce sentiment ne peut exister qu’entre personnes de même sexe. J’espère bien vous prouver le contraire.

— J’essaierai de me rallier à vos idées. Je ne réponds pas d’y réussir.

— J’entreprendrai votre conversion à mes risques et périls. Il me suffit que vous m’ayez juré de ne pas me parler d’amour, sous quelque prétexte que ce soit. Et je vous préviens que j’ai l’esprit très ouvert. Si vous essayiez de m’adresser des déclarations déguisées… comme vous l’avez déjà fait chez Mme de Malvoisine, je comprendrais à demi-mot, et, à la première tentative de ce genre, je couperais court à nos relations, quoique j’y attache infiniment de prix.

— Pas plus que je n’y en attache moi-même, puisque je me résigne à les accepter telles que vous me les offrez. Mais à quoi vont-elles donc se réduire, bon Dieu ! si vous commencez par leur assigner des limites tellement étroites que…

— N’est-ce donc rien, monsieur, que de s’estimer réciproquement et de se soutenir dans les