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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/121

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— Je ne veux rien connaître et je n’ai jamais rien vu chez elle qui m’autorise à croire que l’origine de sa fortune est de celles qu’on n’avoue pas.

Cela dit, je reviens à ma situation personnelle. J’ai de quoi vivre pour dix-huit mois au moins. C’est plus de temps qu’il ne me faut pour conquérir l’indépendance définitive… et je vais y tâcher !

— Vous y réussirez, je n’en doute pas, mais je me demande comment. À Paris, pour une jeune fille qui veut rester honnête, l’existence est si difficile… les débouchés si rares…

— Vous allez me trouver bien présomptueuse, mais on m’a dit si souvent que j’avais du talent comme musicienne et comme chanteuse que j’ai fini par le croire. Eh bien, ce talent… je voudrais en tirer parti.

— En donnant des concerts ? Le succès serait certain, mais je doute que les bénéfices vous conduisent au but que vous voulez atteindre.

— J’en doute aussi… et je rêve d’autre chose.

— Le théâtre, peut-être ?

— Eh bien, oui, le théâtre, répondit sans hésiter Violette.

— Vous m’avez dit chez Mme de Malvoisine que jamais vous ne consentiriez à y entrer.

— Avant-hier, je n’en étais pas où j’en suis aujourd’hui. J’ai réfléchi depuis et je me suis décidée.

Robert se tut et sa physionomie se rembrunit.

— Oh ! reprit la jeune fille, je comprends que vous ne m’approuviez pas et je prévois les objections que vous allez me faire. Vous pensez que monter sur les planches, c’est courir à ma perte. Et je ne me