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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/120

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nom de la promenade où on m’a trouvée. Plus tard, on m’a surnommée Violette, parce que j’avais un goût prononcé pour les violettes, et le surnom m’est resté. Mme de Malvoisine l’a trouvé joli et ne m’a jamais appelée autrement. Elle ne s’est jamais informée de mes parents. Elle croit qu’ils sont morts, et il est probable qu’elle ne se trompe pas.

— Probable, oui. Mais ce n’est pas certain, murmura Robert.

— Quoi qu’il en soit, je ne me connais aucun lien de famille et je ne puis compter que sur moi-même.

— Et sur un ami, mademoiselle.

— Je ne dis pas non, et le moment est venu de vous apprendre ce que j’attends de vous.

Mais, d’abord, je veux que vous soyez fixé sur l’état de mes finances. Si j’étais sur le pavé, sans ressources, je ne m’adresserais pas à vous. Je suis trop fière pour demander l’aumône à qui que ce soit. Mais en ce moment, je n’ai nul besoin d’argent. Mon séjour chez Mme de Malvoisine a eu cela de bon que j’ai fait de grosses économies. J’étais défrayée de tout et je n’ai pas dépensé le quart des appointements que j’ai touchés pendant deux ans. De plus, le mobilier qu’elle m’a donné m’est resté et mon loyer est payé pour six mois. Sous ce rapport, je n’ai qu’à me louer d’elle, et les torts qu’elle a eus envers moi ne me feront jamais oublier ses bienfaits.

— Vous n’avez pas non plus à lui en savoir beaucoup de gré, dit vivement Robert. L’argent, à ce qu’il paraît, ne lui coûtait guère. Le colonel m’a appris que…