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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/125

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Ses larmes touchèrent Robert qui regrettait déjà d’avoir été trop dur.

— Pardonnez-moi, mademoiselle, lui dit-il doucement, pardonnez-moi de vous arracher vos illusions. Je les crois dangereuses et je suis trop votre ami pour vous les laisser.

Violette essuya ses yeux, releva la tête et dit en regardant Robert de Bécherel :

— Je ne vous en veux pas. Mais, ma résolution est prise et je me sens assez sûre de moi pour échapper aux périls que vous me signalez. Il me suffit que vous ne m’abandonniez pas… c’est-à-dire que vous ne refusiez pas de me donner des conseils quand j’aurai recours à vous. Je suis seule au monde et je n’ai confiance qu’en vous. Je vous demande de me voir à l’œuvre avant de me juger. Quand j’y serai, si ma conduite ne vous paraît pas irréprochable, si vous me trouvez indigne d’intérêt, vous ne vous occuperez plus de moi… mais jusqu’à ce que j’aie subi cette épreuve, ne me retirez pas votre protection… je n’ose plus dire votre amitié.

— Elle vous est acquise, mademoiselle, répliqua vivement Robert. Ma protection est bien peu de chose, mais je suis tout à votre disposition. Et puisque vous le voulez absolument, je verrai le colonel Mornac ; je lui demanderai de vous faciliter l’entrée de la carrière que vous avez choisie, et je ne doute pas qu’il ne se prête à votre désir.

Où devrai-je vous apporter sa réponse ?

— Mais… chez moi. Pourquoi n’y viendriez-vous pas ? Je serais toute fière de vous montrer comme je suis bien installée. Par exemple, je me sers moi-même… je ne veux plus de la femme de chambre