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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/126

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que Mme de Malvoisine m’envoyait pour faire mon ménage. C’est moi qui vous ouvrirai la porte. Je vous préviens seulement que je demeure très loin… rue de Constantinople, 47… au coin du boulevard extérieur. Voulez-vous que je vous attende, demain… à trois heures ?

Robert n’était pas un roué ; mais il n’était pas non plus un naïf, et il fut un peu surpris d’entendre Mlle Violette l’inviter à venir la voir chez elle, comme si c’eût été la chose la plus naturelle du monde. Mais il ne soupçonna point ses intentions. Il crut fermement qu’elles étaient innocentes et il ne se trompait pas. Il se dit qu’après tout, il n’avait pas le droit de l’empêcher d’entrer au théâtre et que, si elle tournait mal, il n’aurait rien à se reprocher. Quant à l’avenir de cette amitié qu’elle lui offrait ingénument, il en serait ce qu’il pourrait. Et, sans qu’il se l’avouât à lui-même, l’idée qu’elle aboutirait à une liaison amoureuse ne lui déplaisait pas du tout. Pour le moment, l’important c’était de soustraire Violette aux persécutions de ce Galimas, qui ne manquerait de la poursuivre de ses vilaines propositions, dès qu’il saurait que Mme de Malvoisine l’avait renvoyée.

— Je viendrai certainement, mademoiselle, dit-il avec empressement et d’ici là, j’aurai peut-être vu le colonel.

Puis il eut une idée.

— N’avez-vous jamais cherché à retrouver vos parents ? demanda-t-il tout à coup.

— Jamais. Je savais trop bien que je n’y réussirais pas.