Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/133

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Il a joué pour mon compte, sans ma permission. Et s’il avait perdu, je n’aurais pas pu payer… immédiatement.

— Alors, je n’admets pas que tu hésites. Il faut laisser cet argent dans la caisse de l’agent de change et signifier au sieur Gustave que tu lui défends de se servir de ton nom pour couvrir ses tripotages.

— C’est votre avis ?

— Absolument.

— Eh bien ! je le suivrai… en ce sens que je toucherai la somme et que je la remettrai intégralement à Gustave.

— Qui s’empressera de recommencer. Si tu fais cela, tu es perdu et je ne m’occuperai plus de toi. Je puis m’intéresser à un garçon qui mange son bien proprement, mais pas à un homme faible qui transige avec l’honneur. C’est bon pour ton Gustave ces compromis-là.

En causant ainsi, ces messieurs avaient traversé la place de la Concorde et ils venaient de prendre pied sur la contre-allée de la grande avenue des Champs-Élysées.

— Écoute, mon garçon, reprit le colonel, j’ai été l’ami de ton père ; je serai le tien… à certaines conditions, dont la première est que tu rompras avec ce coulissier équivoque. Laisse-le se tirer comme il pourra de cette vilaine affaire et s’il réclame, envoie-le moi… je te débarrasserai de lui.

— Je ne tiens pas à le revoir, dit Bécherel.

— Tant mieux ! Maintenant, quels sont tes projets pour l’avenir ?

— Je n’en ai arrêté aucun.

— Alors, retourne à Rennes et redeviens gom-