Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/141

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de Violette et que ce dénouement presque forcé ne serait pas très regrettable.

Le dernier des Bécherel goûtait assez cette morale facile qu’il avait toujours pratiquée et cependant il lui venait des aspirations moins vulgaires. Son cœur commençait à se mettre de la partie et il lui semblait déjà que Violette méritait d’être aimée autrement qu’une modiste résignée à mal tourner.

Sur ce point, il n’avait pas encore de projet bien arrêté. Tout dépendrait des événements. Il comptait s’y laisser aller, mais l’idée d’épouser plus tard une adorable jeune fille qui n’avait d’autre défaut que d’être sans famille et sans fortune, cette idée romanesque ne lui répugnait pas.

Restait la question scabreuse de l’entrée de Violette au théâtre. Robert ne se dissimulait pas que jamais sa mère ne consentirait à son mariage avec une actrice. Mais Violette ne l’était pas encore, et avant qu’elle le fût, il la connaîtrait assez pour être à même de choisir entre le bon motif et l’autre.

Dans le cas où il choisirait le bon, il espérait bien qu’elle renoncerait sans regret aux succès qu’elle ambitionnait comme artiste dramatique. Et il s’accommodait assez de rester quelque temps dans l’indécision ; le temps d’étudier le caractère de Violette et d’être mieux fixé sur la nature du sentiment qu’elle lui inspirait.

Ce serait comme un nouveau volontariat qu’il ferait avant de contracter un engagement plus sérieux et plus long que celui qu’il aurait signé, s’il avait voulu suivre la carrière militaire.

Ainsi rassuré et à peu près consolé de ses mésaventures récentes, Robert finit assez gaiement sa