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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/140

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Mais ce qui le comblait de joie, c’était que le colonel entrait dans ses vues sur Violette. Le colonel consentait à faciliter les débuts de l’intrépide jeune fille. Il encourageait Robert dans son hardi dessein de chercher la famille de cette pauvre abandonnée. C’était plus que n’espérait l’ex-secrétaire particulier de M. Labitte.

Et, en vérité, dans la situation où il s’était mis par sa faute, il ne pouvait rien lui arriver de plus heureux, car il n’était plus tourmenté par la nécessité pressante de prendre un parti définitif. Sa vie avait un but.

L’insouciance, poussée jusqu’à l’imprévoyance, était son grand défaut, mais il y avait en lui l’étoffe d’un redresseur de torts, à la façon de Don Quichotte, qui passa son existence à défendre les jeunes princesses persécutées par des enchanteurs méchants. Violette n’était pas princesse et ses persécuteurs ne se montraient pas. Il s’agissait de les découvrir, sous peine de se battre contre des moulins à vent, comme l’illustre chevalier de la Manche.

Mme de Malvoisine, la belle Herminie et l’affreux Galimas ne comptaient pas, puisque Violette était ou croyait être hors de ses atteintes. Il fallait donc remonter à la cause première de ses malheurs et retrouver les parents dénaturés qui l’avaient jetée, tout enfant, sur les chemins, pour se débarrasser d’elle.

Comment finirait l’aventure et, de quelque façon qu’elle se terminât, qu’en reviendrait-il à Robert ? Le colonel paraissait croire que le cours naturel des choses amènerait son jeune ami à devenir l’amant