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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/143

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La soirée s’acheva sans autre incident. Galimas quitta la salle avant la fin du spectacle. Robert, qui resta jusqu’au bout, rentra chez lui tranquillement, se coucha et dormit beaucoup mieux que la nuit précédente. Il ne fit que des rêves d’or, et il s’éveilla frais et dispos, le lendemain, dès l’aurore.

L’emploi de la journée qui commençait était réglé d’avance : à neuf heures, visite à Marcandier ; déjeuner à midi chez le colonel Mornac et entrevue à trois heures avec Mlle Violette rue de Constantinople.

La visite à Marcandier le préoccupait fort peu et il comptait l’expédier rapidement. On n’a jamais vu un marchand d’argent se faire prier pour recevoir le remboursement d’un billet qui n’est pas encore échu, et Bécherel venait avertir son prêteur qu’il retirerait le lendemain celui qu’il avait signé l’avant-veille.

— Onze mille francs pour dix mille. Mille francs d’intérêts gagnés en trois jours constituent un joli bénéfice, même pour un drôle qui prête à quarante pour cent.

Robert se disait cela en montant, sans se presser, la raide pente de la rue Rodier. Il la connaissait déjà et pourtant il s’étonnait de plus belle qu’un riche capitaliste y eût élu domicile, car elle lui déplaisait encore plus que la première fois qu’il y était venu.

Il glissait à chaque instant sur les pavés boueux et il lui semblait que les maisons avaient l’air sinistre.

Peut-être lui auraient-elles paru très gaies, si l’une d’elles avait abrité Violette, mais il était encore sous l’impression de sa première entrevue