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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/144

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avec l’usurier et ces vieilles bâtisses lui faisaient l’effet de loger des malandrins.

Celle qu’habitait Rubis sur l’ongle était bien la plus laide de toutes et quand Bécherel arriva devant la porte bâtarde de cette masure, il hésita encore une fois à s’engager dans l’allée noire qui aboutissait à l’escalier gardé par l’horrible concierge que son maître appelait : la mère Rembûche.

Il leva les yeux et il vit que les fenêtres étaient closes par des volets de bois plein qui n’avaient pas l’air de s’ouvrir souvent.

Il n’y manquait que des barreaux de fer pour compléter la ressemblance avec une geôle.

Bécherel remarqua aussi que cet étrange immeuble, contigu d’un côté à une maison de moins mauvaise apparence, ne touchait, de l’autre côté, à aucune construction. Il était séparé de l’immeuble le plus voisin par une ruelle étroite et obscure dont Robert n’apercevait pas le bout : un de ces passages qui foisonnent à Londres et que les Anglais appellent des lanes. Seulement, à Londres, ils sont souvent voûtés et ils servent de chemins de communication entre deux voies plus fréquentées. Celui-ci était à ciel ouvert et paraissait n’avoir aucune issue.

Mais Bécherel n’était pas venu là pour faire des études sur la topographie de ce quartier bizarre. Il n’était pas loin de dix heures et il tenait à ne pas manquer le sieur Marcandier. Après un temps d’arrêt assez court, il se décida donc à franchir le seuil fangeux de cette masure et après avoir suivi le corridor à tâtons, il s’engagea dans l’escalier.