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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/154

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C’est ce que Robert ne pouvait pas voir, de l’endroit où il était placé. Mais ce qu’il pouvait constater de visu, c’est que, du côté de ce jardin, la maison de l’usurier n’était pas contiguë à une autre maison et qu’il n’avait pas de voisin immédiat.

Ce grenier, décidément, n’était que le prolongement de l’immeuble dont la façade donnait sur la rue Rodier.

Il se pouvait à la rigueur que ce long bâtiment fût intérieurement coupé en deux par un mur mitoyen et qu’il appartînt par moitié au propriétaire de l’hôtel, mais dans ce cas, ce propriétaire, qui devait être riche, n’aurait pas loué à un dentiste où à une sage-femme des logements qu’on ne pouvait accéder qu’en traversant son habitation et son jardin. Donc, Marcandier avait menti en disant que la voisine qui gémissait derrière la porte de fer n’était pas sa locataire, et qu’il ne la connaissait pas.

Cette voisine était sa prisonnière à lui et ne pouvait sortir de là qu’avec permission, car la salle où on l’avait logée n’avait probablement pas d’autre issue que cette porte dont Marcandier possédait seul les clés.

De tous ces raisonnements, Robert n’hésita pas à tirer cette conclusion que Rubis sur l’ongle avait sur la conscience bien d’autres méfaits que les prêts usuraires, et qu’il tenait enfermée une malheureuse créature.

Il était même permis de croire qu’il la maltraitait, puisqu’elle jetait des cris lamentables.

Mais que faire pour lui arracher sa victime ? Le dénoncer à la justice ? C’était assurément le moyen