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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/159

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Mais, à cet avertissement, elle avait dû, sous peine de n’être pas comprise, joindre une explication écrite.

Robert déplia vivement le papier qui enveloppait la pomme, — un papier assez épais, détaché, selon toute apparence, de quelque registre où un épicier inscrivait ses ventes au détail ; et Robert n’y vit d’abord que des chiffres alignés par colonnes. Mais en l’examinant de plus près, il y découvrit des caractères rougeâtres qui semblaient avoir été tracés avec la pointe d’une épingle, tant ils étaient minces et mal formés. Il s’agissait de les lire et ce n’était pas facile.

Bécherel finit cependant par déchiffrer deux mots : « au secours ! » et quelques lettres à peine distinctes qui lui parurent composer la dernière syllabe d’un troisième mot. Cette syllabe était : onne ou oune. Mais la première syllabe manquait. Elle avait été effacée par le frottement, pendant la chute de la pomme, et il n’en restait que des traits confus.

La découverte n’en avait pas moins une grosse importance. « Au secours », avait écrit la personne qui venait de lancer ce singulier projectile. Donc, on la retenait par force et sa captivité devait être très dure, puisqu’on la nourrissait avec des fruits de rebut, et puisqu’elle en était réduite à écrire avec son sang, en se servant d’une épingle ou d’un clou.

Car c’était bien du sang qui tachait ce feuillet déchiré. L’encre rouge laisse des traces plus nettes et une plume, même une plume métallique, n’aurait pas éraillé le papier.

Et de plus, la finale du mot illisible rappela tout