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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/16

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dant la traversée depuis le trottoir jusqu’au perron.

Ils se débarrassèrent de leurs paletots dans un vestibule qui ressemblait à une serre, tant il était plein de fleurs exotiques, et conduits par le valet de pied, ils entrèrent de front dans un salon où ils trouvèrent une vingtaine de personnes.

Les hommes étaient en majorité, mais il y avait aussi quelques femmes, dont trois jeunes, trois sans plus. Les autres étaient hors d’âge, mais elles avaient de beaux restes, comme on dit dans le monde bourgeois. Au centre d’un groupe féminin plus imposant qu’attrayant, trônait la comtesse de Malvoisine, une superbe matrone, très décolletée et parée comme une châsse.

Lorsque Robert de Bécherel, remorqué par son camarade, s’avança pour la saluer, un murmure d’admiration courut parmi ces dames. Elles le trouvaient charmant et elles le dévoraient des yeux.

Gustave le présenta à la comtesse qui l’accueillit en minaudant et comme Robert s’excusait de ne pas être en tenue de soirée, elle lui dit de but en blanc :

— Avec un nom comme le vôtre, monsieur, on n’a pas besoin de s’habiller pour être le bienvenu partout. Je suis heureuse de vous recevoir et je remercie notre ami Gustave de vous avoir amené.

Robert s’inclina pour répondre à ce compliment brutal, mais il eut quelque peine à comprimer une forte envie de rire.

La comtesse lui semblait grotesque et il était déjà fixé sur l’authenticité du titre qu’elle portait.

— À dater de cet instant, reprit-elle gracieusement, ma maison vous est ouverte cher monsieur, et j’espère vous y revoir souvent. Maintenant,