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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/163

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— Je n’ai pris conseil que de moi-même.

— Bon ! j’y suis !… c’est la jeune Violette. Elle ne peut pas me souffrir. Je n’ai jamais su pourquoi, par exemple. Parions qu’elle est venue chez toi… te demander ta protection.

— Laisse Mlle Violette en repos, je te prie.

— Et tu t’es constitué son chevalier. Mes compliments, mon cher. C’est une jolie fille. Mais c’est aussi une fine mouche. Elle te mènera loin.

— Assez ! je ne te reconnais pas le droit de te mêler de les affaires et je te défends de me parler d’elle.

— Ah ! c’est comme ça que tu le prends ! Eh bien ! brisons-là, mon bonhomme ! Nous sommes restés cinq ans sans nous voir, depuis le régiment. Ce sera comme si nous ne nous étions pas rencontrés sur le boulevard Montmartre. Ça m’apprendra à croire aux anciennes camaraderies. Tire de ton côté, moi du mien. Nous ne nous ferons pas faute réciproquement. Tu me mets dans un pétrin abominable en me laissant me débrouiller avec l’agent de change. Je m’en tirerai tout de même. Mais tu ne t’étonneras pas que je te garde un chien de ma chienne.

— Va-t’en au diable ! cria Robert.

Et il passa son chemin, sans que Gustave essayât de le retenir. La rupture était complète, et Bécherel ne regrettait pas d’en être venu là. Il en avait assez de cette camaraderie équivoque et il voulait rentrer dans le parti des honnêtes gens.

Justement, le colonel Mornac l’attendait, et il avait besoin de le consulter avant de poursuivre l’enquête si heureusement commencée.

Robert se décida donc à se transporter immédia-