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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/164

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tement rue de la Boëtie, mais il pouvait bien y aller par le chemin des écoliers, c’est-à-dire en passant, comme il l’avait projeté avant de rencontrer Gustave, par la rue de la Tour-d’Auvergne qui lui semblait devoir communiquer avec la voie qu’il avait entrevue du haut du belvédère.

En prenant cette direction, il était sûr de ne pas se trouver nez à nez avec son ancien camarade, qui descendait vers la place de la Bourse, et il espérait compléter sa tournée d’exploration, en examinant de près la façade de l’hôtel particulier qu’un jardin séparait de l’étrange habitation du sieur Marcandier.

Il fut servi à souhait. À cinquante pas de l’angle de la rue Rodier, il vit s’ouvrir à sa gauche un passage, fort mal pavé, bordé des deux côtés par des clôtures en planches, et inaccessible aux voitures, à cause de la raideur de la pente.

Il s’y engagea sans hésiter et il déboucha bientôt dans une rue, presque aussi escarpée que le passage, mais droite et flanquée de maisons neuves, bâties à l’alignement, une rue sérieuse, classée sur le plan officiel de la ville et baptisée par le conseil municipal. Le nom était peint en lettres blanches sur une plaque blanche : « rue Milton ». Et ce nom, Bécherel le connaissait, quoiqu’il ne fût jamais venu là.

Il s’arrêta un instant pour s’orienter et en se retournant, il revit les hautes constructions qui masquaient la butte Montmartre et qui, en aval, dominaient des clos plantés et des terrasses superposées, comme les légendaires jardins suspendus de Babylone.