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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/174

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— Je tâcherai de ne pas être trop ridicule dans ce rôle-là, dit gaiement Robert.

— Bon ! mais Violette ne regardera pas que toi. Ce serait bête et compromettant. Une actrice se doit au public et elle distribue équitablement ses sourires à tous ceux qui l’écoutent. Te figures-tu ce que tu éprouveras quand tu la verras faire les yeux doux et dédier ses pantomimes grivoises à quelque spectateur déplaisant ?

— Je saurai que c’est un jeu de scène et je…

— Suppose que ce soit par exemple à ce coulissier qui la poursuit, m’as-tu dit, de ses assiduités… à M. Galimas.

Et il sera là, tu peux y compter. C’est un monsieur qui ne manque pas une première.

Robert rougit et ne trouva rien à répondre.

Mme de Malvoisine y sera aussi, reprit le colonel, avec sa pupille Herminie, et celles-là n’y seront pas venues pour applaudir la débutante. Que feras-tu, si elles se permettent de la chuter ou seulement de rire ? Te constitueras-tu publiquement le champion de Violette contre ses ennemis et contre ceux de ses admirateurs qui te seront antipathiques ?

— En vérité, mon colonel, s’écria Robert, poussé dans ses derniers retranchements, on jurerait que vous prenez à tâche de me décourager !… Vous qui venez d’ouvrir la carrière théâtrale à cette jeune fille et qui paraissiez approuver la décision qu’elle a prise de monter sur les planches pour y gagner sa vie !

Pourquoi désapprouvez-vous aujourd’hui ce que vous approuviez hier ?

— Je me désapprouve pas plus que je n’ai approuvé.