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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/187

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ne me reproche rien. Si j’avais une mère, je pourrais, sans rougir, lui raconter toute ma vie et lui confier toutes mes pensées.

— Une mère, répéta Bécherel très ému. Avez-vous renoncé à l’espoir de revoir la vôtre ?

— Hélas, oui. Mon petit nom, que je me suis rappelé, n’est pas un indice suffisant pour retrouver la trace de celle que j’ai perdue et que j’aurais tant aimée. Il faudrait que Dieu fît un miracle.

— Mais… s’il le faisait ?

— S’il me rendait ma mère, je ne vivrais plus que pour elle.

— Et vous ne regretteriez pas les succès qui vous attendent au théâtre ?… les applaudissements ?… la gloire ?…

— Je ne regretterais rien, mon ami. Mais quel plaisir trouvez-vous à me parler d’un bonheur qui ne se réalisera jamais ? J’ai besoin de courage et de sang-froid dans la position où je me trouve. Je n’en sortirais pas, si je me laissais aller à caresser des chimères décevantes. Je vous en supplie, ne m’y poussez pas.

— Vous avez raison. Ce bonheur que je rêve pour vous, c’est à moi de vous l’assurer, et j’y parviendrai peut-être.

— Prenez garde, mon ami. En vous écoutant, je pourrais croire…

— Croyez que je ferai tout pour découvrir le secret de votre naissance. Je ne puis, ni ne veux vous en dire davantage. Et, à mon tour, je vous demande en grâce de ne pas m’interroger. Oubliez que j’entrevois une chance de succès et ne songez plus qu’à vos débuts. Quand devez-vous