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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/186

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— Oui, j’ai eu le tort de lire des livres défendus et quelques autres torts qui n’étaient pas beaucoup plus graves, mais je les ai bien expiés, hier, à Saint-Mandé.

— Comment cela ? demanda Robert, très satisfait d’une diversion qui le dispensait de se prononcer.

— À Saint-Mandé… au pensionnat. Vous savez qu’en vous quittant, je suis allée voir Mme Valbert. Eh bien ! elle m’a reçue très froidement et quand j’ai essayé de lui apprendre pourquoi et comment je suis sortie de la maison de la rue du Rocher, elle m’a coupé la parole en me déclarant qu’elle savait tout, que j’étais très coupable et qu’elle entendait ne plus jamais s’occuper de moi.

Mme de Malvoisine m’avait devancée. Qu’a-t-elle pu dire contre moi ? Je l’ignore.

— Des mensonges… des calomnies. Vous deviez vous y attendre. Heureusement, vous n’avez plus besoin de cette dame Valbert.

— Non, sans doute ; mais je m’étais attachée à elle et je souffre beaucoup d’avoir perdu son estime. Je suis revenue navrée et j’ai pleuré longtemps. Il n’a pas fallu moins que la lettre de M. de Mornac pour me remettre le cœur.

— Mais vous êtes toujours décidée à entrer au théâtre ?

— Pourquoi y renoncerais-je ? Le mal est fait maintenant. Me voilà déclassée. Je n’ai plus d’amis.

— Il vous en reste un.

— Vous, je le sais. J’espère aussi que M. de Mornac ne m’abandonnera pas. Et j’ai pour moi ma conscience. Je l’ai interrogée, après la triste déconvenue que je viens de vous raconter, et elle