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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/206

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quand il la verra en scène… admirée… applaudie.

— Quel conte nous débitez-vous là ! Vous ne me ferez pas croire que cette pécore a trouvé du jour au lendemain un engagement.

— C’est pourtant la vérité.

— Où cela ? aux Bouffes-du-Nord… ou à Belleville ?…

— Aux Fantaisies-Lyriques.

— Comme figurante, alors ?

— Comme première chanteuse. Vous savez bien qu’elle a une voix superbe.

Herminie pinçait les lèvres et Mme de Malvoisine, qui ne paraissait pas plus contente que sa fille, dit sèchement :

— Elle ne chante pas mal, mais où donc le sot qui l’a engagée a-t-il pu l’entendre ?

— L’histoire est assez curieuse. Je viens de l’apprendre, par le plus grand des hasards. La voici : Vous connaissez ce vieux beau qu’on appelle M. de Mornac. Vous le recevez même.

— Oui… et je m’en flatte.

— Eh bien ! c’est à la prière de M. de Bécherel que ce ci-devant colonel a facilité à Mlle Violette l’exécution d’un projet qu’elle avait depuis longtemps, paraît-il, et que depuis son renvoi de chez vous elle a confié à son amoureux : Le directeur des Fantaisies Lyriques est un certain Cochard qui me devait de l’argent et qui allait faire faillite, lorsque M. de Mornac l’a commandité de cent mille francs. Vous saisissez ?

— Parfaitement, dit Herminie. Et cet imbécile compte sur Violette pour relever la fortune de son théâtre ?