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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/207

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— Il y compte si bien qu’elle va débuter dans quinze jours. Il va jouer sur ce début sa dernière carte. C’est lui-même qui me l’a dit, ce matin, après m’avoir rendu la somme que je lui avais prêtée. Il a oublié que j’ai un autre compte à régler avec lui et il lui en coûtera cher, pour m’avoir été désagréable, en…

— En congédiant votre amie, Julia Pannetier, interrompit Mlle des Andrieux, qui comprenait à demi-mot.

Elle était radieuse, cette excellente Herminie, d’apprendre que Marcandier avait un grief personnel contre le directeur qui venait d’engager Violette ; car elle devinait qu’elle aurait en lui un auxiliaire actif, puisqu’ils étaient aussi intéressés l’un que l’autre à empêcher Violette de réussir au théâtre.

— On ne peut rien vous cacher, mademoiselle, répondit en souriant Rubis-sur-l’ongle. Je connais depuis longtemps Julia Pannetier, je lui suis très attaché et elle vient d’être victime d’une intrigue de coulisses. On lui a fait un passe-droit dont Mlle Violette pourrait profiter.

C’est vous dire que je ne souhaite pas le succès de cette débutante, inventée par un colonel en retraite.

— Pas plus que je ne le souhaite moi-même, dit vivement Mlle des Andrieux. Quand je pense qu’une véritable artiste comme Julia se voit forcée de céder la place à une chanteuse d’occasion !… c’est une injustice criante… et j’espère que cette Violette tombera comme elle le mérite… à plat.

— J’y ferai de mon mieux, je vous le promets.