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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/209

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faire réussir, puisqu’il commandite le directeur. Lui non plus ne regarde pas à l’argent et il a, de plus que vous, beaucoup d’amis dans tous les mondes. Il les amènera et ils tiendront tête à vos cabaleurs payés.

— Eh bien, ce sera une belle lutte, dit gaiement Marcandier, mais je vous prédis que la cavalerie serra battue en la personne de ce ci-devant dragon qui se mêle de lancer des Divas inconnues.

Julia connaît mieux que moi les dessous du théâtre et les manœuvres de coulisses. Elle pourrait vous dire que Mlle Violette sera sifflée, quand même elle aurait le talent de la Patti.

On peut à la rigueur imposer une prima-donna au public ; on ne l’impose pas aux autres artistes et tous ceux des Fantaisies se ligueront contre elle, ne fût-ce que pour être agréable à cette chère Julia, leur ancienne camarade.

— Ah ! comme je les comprends ! s’écria Mlle des Andrieux. Elle est charmante, cette jeune femme ; elle chante dans la perfection, et elle s’habille avec un goût !… je ne la rencontre jamais sans être tentée de lui demander l’adresse de son couturier.

— Je suis à même de vous la donner, dit Marcandier avec une grimace ironique. C’est moi qui paie les notes.

— Ne vous en plaignez pas, mon cher. Je suis sûre que bien des messieurs se chargeraient volontiers de les payer à votre place. Les hommes envient votre sort et les femmes conviennent que vous ne pouviez pas mieux choisir. Si je vous disais qu’un de mes regrets, c’est de ne pas connaître Mlle Pannetier. Pourquoi ne nous la présenteriez-vous pas ?