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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/210

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— Parce que… ce ne serait pas convenable, mademoiselle, répondit gravement Rubis-sur-l’ongle.

— Herminie ! s’écria la comtesse, en prenant son grand air de femme du monde.

— Eh bien, quoi ? demanda Mlle des Andrieux, sans se laisser intimider par l’attitude de sa respectable mère. Une artiste dramatique vaut bien les séparées, les divorcées et les veuves consolables que vous recevez chez vous.

Puis, s’adressant à Marcandier :

— L’occasion est bonne, mon cher. Julia est ici. Tout à l’heure vous étiez avec elle sur la terrasse. Voulez-vous que nous allions la chercher ?

Marcandier, au fond, était de l’avis d’Herminie qui tenait pour l’égalité des femmes, mais il hésitait, de peur de froisser les susceptibilités de la comtesse, quoiqu’il les trouvât ridicules.

La question fut tranchée par Julia, qui s’était réfugiée dans le boudoir contigu au salon et qui n’avait pas perdu un mot de la conversation.

La timidité n’était pas son défaut, et, jugeant qu’elle pouvait se montrer, elle écarta la portière en soie du Japon, et elle avança la tête, en disant gaiement :

— Peut-on entrer ?

Herminie courut à elle, la prit par la main et l’amena devant Mme de Malvoisine qui suffoquait de colère.

Cette Diva de quatrième ordre était vraiment une jolie fille ; une brune au teint mat, aux lèvres rouges, aux yeux noirs, agrandis au pinceau.

Elle avait l’air hardi, le sourire engageant de la courtisane habituée à s’exhiber en public et ce fut