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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/212

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lui. Je fais de la réclame à sa fortune. Les hommes sont bêtes.

— Pas tous, dit tout bas Herminie.

— Heureusement ! La vie serait trop ennuyeuse si on ne l’égayait pas un peu en se payant un caprice de temps en temps. Je n’ai jamais vu M. de Bécherel mais je suis sûre qu’il est charmant. D’abord, c’est un jeune, et j’exècre les vieux.

— Marcandier n’est pas vieux.

— Il est mûr, et c’est déjà trop pour moi. Mais que voulez-vous ! j’ai été bien contente de le rencontrer au début de ma carrière. Les commencements sont difficiles quand on n’est pas née avec des rentes. Vous qui pouvez choisir, croyez-moi, mademoiselle, n’épousez jamais qu’un garçon qui vous plaît.

— J’y suis très décidée… et c’est pour cela que je tiens à M. de Bécherel. Cette créature veut me le prendre…

— Elle n’y réussira pas. Et quand même il aurait pour elle une fantaisie, ce serait l’affaire de huit jours. Après la chute que nous lui préparons, il n’en voudra plus.

— Tombera-t-elle ?… entre nous, elle a une voix superbe.

— Il n’y a pas de talent qui tienne quand les camarades s’entendent pour faire manquer à une débutante ses répliques et ses entrées. Et je me charge de leur donner le mot d’ordre. Nous n’avons à craindre qu’un homme… le colonel Mornac. Ce troupier fourbu fait la pluie et le beau temps aux Fantaisies Lyriques.

— Et il soutiendra Violette, puisqu’il l’a imposée au directeur, mais… attendez donc ! dit Herminie