Aller au contenu

Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans aucun embarras qu’elle dit à Herminie :

— Merci, mademoiselle, pour tout le bien que vous pensez de moi et pour tout le mal que vous souhaitez à la Violette des Batignolles. Pierre vient de m’apprendre que cet âne de Cochard l’a engagée pour tenir mes rôles. Elle ne les tiendra pas longtemps. À nous deux, nous la renverrons courir le cachet.

Mme de Malvoisine, blessée dans sa dignité, tourna le dos à l’actrice et descendit sur la terrasse, dont la porte était restée ouverte. Marcandier alla l’y rejoindre pour la calmer et Julia resta en tête-à-tête avec l’héritière de l’oncle Léon.

— Excusez-la, dit Herminie, en parlant de sa mère ; elle est pleine de préjugés. Moi, je n’en ai pas et je ne demande qu’à être votre amie, madame.

— Oh ! je veux bien ! s’écria Julia Pannetier. Je vous aime déjà comme si nous avions joué la comédie ensemble. C’est dit ! nous sommes alliées contre cette pianiste crottée. Et vous verrez que vous ne regretterez pas de m’avoir mise dans votre jeu. Je ne suis qu’une irrégulière, mais j’ai plus d’expérience que vous et je pourrai, à l’occasion, vous donner des conseils utiles.

— Quand ce ne serait que pour m’apprendre à m’habiller.

— Vous êtes fort bien comme vous êtes. Mes toilettes ne vous conviendraient pas. Elles sont trop voyantes. Moi, je suis obligée de me faire remarquer pour plaire à Marcandier. Il tient à ce qu’on se retourne pour me voir quand je vais au Bois, dans son coupé. On sait qu’il est riche et que je suis avec