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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/215

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Et, pour d’autres raisons, Marcandier lui sut gré de ne pas le présenter. Il voulait bien diriger les opérations contre la protégée de M. de Mornac, mais il ne tenait pas à se mettre en avant.

— Que devenez-vous donc, mon cher colonel ? reprit Mme de Malvoisine ; et que vous avons-nous fait, pour que vous ne vous montriez plus chez moi ? Hier soir encore, Mme de Carantoir se désolait de votre absence.

Mme de Carantoir était la veuve dont Mornac recherchait les bonnes grâces et il savait à quoi s’en tenir sur le chagrin de cette aimable personne qui avait bien voulu, ce jour-là précisément, lui faire une première visite.

— Que voulez-vous ! dit-il d’un air dégagé. On ne va pas toujours où l’on souhaiterait aller. J’ai passé ma soirée avec des gens graves qui m’ont fort ennuyé. J’aurais préféré voir de frais visages…

— Comme celui de Violette.

— Comme celui de Mlle des Andrieux, continua le colonel, sans relever l’interruption malicieuse de Mme de Malvoisine. Donnez-moi donc de ses nouvelles. Il y a trois jours que je ne l’ai vue et je m’en plains.

— Vraiment, monsieur ? dit une voix qui venait du fond de la terrasse.

En même temps, le profil de camée et les épaules sculpturales de la belle Herminie se montrèrent derrière la comtesse.

— Je ne me doutais pas que vous me regrettiez, continua ironiquement l’imposante jeune fille ; mais puisque vous voulez bien vous informer de moi, je puis, à mon tour, vous demander ce que