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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/232

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bout du jardin est en voyage avec tous ses domestiques. Monsieur pourra se croire à cent lieues de Paris, et si monsieur s’occupait, par exemple, de travaux littéraires…

— Précisément, interrompit Robert, enchanté de l’occasion qui s’offrait de s’attribuer une profession plausible. J’ai écrit dans mon pays une pièce de théâtre et je viens la soumettre au jugement d’un auteur célèbre qui demeure pas loin d’ici… avenue Trudaine. J’aurai certainement à la retoucher d’après ses conseils, et j’ai besoin de m’isoler pour écrire.

— Monsieur peut être sûr que personne n’entrera chez lui sans que monsieur ait appelé. Je vais donner des ordres en conséquence. Alors, monsieur prend la chambre ?

— Ça dépend du prix, dit Robert pour mieux jouer son rôle de voyageur.

— Soixante francs par mois… payables par quinzaine et d’avance.

Ce cabinet borgne n’avait jamais été loué plus de vingt-cinq francs et encore pas souvent ; mais Bécherel aurait de bon cœur donné dix louis pour l’occuper, de préférence à tout autre local. Aussi se garda-y-il bien de marchander. Il remit trente francs au logeur qui les empocha avec une satisfaction visible et qui dit :

— Si monsieur veut bien descendre avec moi au bureau, je vais inscrire le nom de monsieur sur mon registre des entrées. C’est une formalité que la police nous impose, monsieur doit le savoir.

— Très bien, murmura Bécherel, assez con-