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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/231

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garnie d’une cuvette et d’un pot à l’eau ébréchés.

Mais, pour cette fois, Robert ne tenait pas au confortable ; il ne tenait qu’à la vue et, sans s’arrêter à inventorier ce mobilier trop sommaire, il alla droit à la fenêtre dont les carreaux poussiéreux laissaient passer fort peu de lumière.

— Je les ferai nettoyer, se hâta de dire le logeur.

Il aurait pu se dispenser de cette promesse engageante. Robert, en s’approchant, venait de reconnaître que la fenêtre donnait directement sur le toit du bâtiment dont Marcandier avait fait une prison.

Robert l’ouvrit cette bienheureuse fenêtre et dit en se penchant sur la barre d’appui pour regarder au dehors :

— La vue qu’on a d’ici n’est pas mal.

— Du côté de Montmartre, elle est un peu bornée par les maisons d’en face, s’empressa de répondre l’hôtelier ; mais, du côté de la rue Milton, vous apercevez un très joli jardin ; et à Paris, c’est chose rare que d’avoir de la verdure sous les yeux… sans compter que dans ce quartier très élevé, l’air est excellent.

— Je le sais et je suppose qu’on doit y être très tranquille. J’aurai quelquefois à travailler la nuit et je n’aime pas à être dérangé quand je veille.

— Oh ! sous ce rapport-là, monsieur ne pouvait pas mieux tomber. Les bruits de la ville n’arrivent pas jusqu’ici ; d’ailleurs, il passe très peu de voitures dans notre rue Rodier et pas un seul omnibus. Le bâtiment dont cette chambre domine le toit est inhabité, et le maître du petit hôtel qui s’élève au