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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/238

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chemin de fer, il fit déposer sa malle dans la salle d’attente et renvoya son fiacre ; un quart d’heure après, il en prit un autre, y fit charger son unique colis et donna au cocher l’adresse de l’hôtel de la Providence.

Un malfaiteur ou un proscrit n’auraient pas pris plus de précautions pour dépister la police.

La course n’était pas longue et l’emménagement s’effectua sans aucun incident. Le maître du garni reçut avec empressement son nouveau locataire et l’accompagna lui-même jusqu’à sa chambre, pendant qu’un garçon assez mal tenu montait le bagage.

La table, débarrassée de la cuvette, était garnie de tout ce qu’il faut pour écrire, y compris une main de papier écolier, et de deux bougies plantées dans des chandeliers de cuivre jaune.

Dès qu’elles furent allumées, Bécherel remercia l’hôtelier de ses attentions et s’empressa de le congédier. Après quoi, son premier soin fut de s’assurer que la porte était munie intérieurement d’un verrou. Il eut la satisfaction de constater qu’il y en avait un. Il le ferma, retira la clé et la remit en dedans pour empêcher qu’on regardât par le trou de la serrure.

Ainsi protégé contre une invasion brusque et contre l’espionnage, Robert procéda à l’inventaire de la malle. Il en tira successivement les cordes, le fanal, et le reste, sauf le costume de rechange qui lui était inutile, pour le moment. Il ne l’avait fait emballer qu’à seule fin de laisser croire à Jeannic qu’il allait vraiment à la campagne, et le veston du matin qu’il portait sous son pardessus ne le gênait