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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/248

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cha le plus gros à une des tiges métalliques qui soutenaient le vitrage et qui était de taille à supporter le poids de son corps.

Mais il ne voulait descendre qu’après avoir examiné d’en haut les profondeurs du grenier. Rien ne prouvait que la séquestrée n’était pas gardée à vue par un coquin subalterne qui ne se ferait pas faute d’attaquer Robert avant qu’il eût eu le temps de se mettre en défense, au moment où il prendrait pied sur le plancher.

Il attacha donc sa lanterne au petit crampon, par l’anneau qui la surmontait, et en relevant la feuille de tôle qui masquait la lumière, il eut la satisfaction de constater qu’elle ne s’était pas éteinte, pendant ce voyage mouvementé.

Il ne lui restait plus qu’à la laisser couler dans le grenier avec la corde, et il allait procéder à cette opération facile, lorsque la tuile échancrée sur laquelle ses pieds s’appuyaient céda tout à coup.

Bécherel se sentit glisser avec une rapidité foudroyante et comprit qu’il était perdu.

Dire qu’il ne perdit pas la tête un instant, ce serait lui faire trop d’honneur.

On a beau avoir du courage et du sang-froid, il est des cas où, surpris par un accident imprévu, l’homme le mieux trempé s’abandonne et ferme les yeux pour ne pas se voir mourir.

Mais l’instinct de la conversation persiste et supplée à la volonté disparue.

Machinalement, Bécherel étendit les bras pour tâcher de se retenir à un objet quelconque. Sa main droite rencontra la corde accrochée au support du vitrage et s’y cramponna avec une énergie désespérée.