Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/249

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Bien lui en prit de l’avoir empoignée à un mètre tout au plus de son point d’attache, car s’il l’avait prise plus bas, elle n’aurait pas résisté à la secousse produite par la brusque détente, tandis que là, le choc fut médiocre.

C’est un effet bien connu de tous les explorateurs de cimes et de glaciers dans les Alpes.

Quatre touristes, dont un lord d’Angleterre, périrent, il y a une vingtaine d’années, sur le mont Cervin, pour avoir laissé trop lâche la corde qui les liait les uns aux autres. Un faux pas de celui qui marchait le dernier les entraîna tous dans un précipice.

Bécherel eut moins mauvaise chance, grâce à un heureux hasard et grâce aussi à la solidité du support, mais la dégringolade fut si rapide et le vide était si près de la fenêtre qu’au moment où il put s’arrêter, ses jambes avaient déjà dépassé la gouttière.

La lanterne, fortement cahotée dans la chute, pendait au-dessous de lui, et comme, malgré tout, elle ne s’était pas éteinte, sa lumière aurait pu attirer dans la ruelle des passants de la rue Rodier qui auraient eu le singulier spectacle d’un homme gigotant et d’un fanal se balançant à trente pieds en l’air.

Mais il ne passait personne et, du reste, c’était là le moindre souci de Bécherel.

Il pensait uniquement à se tirer de cette situation périlleuse et le premier effort qu’il fit fut pour prendre à deux mains la corde, car il sentait bien que sa droite seule se serait vite lassée de le porter. Quand ce fut fait, il crut être à moitié sauvé. Il ne