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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/260

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Mais il tenait en réserve une autre épreuve qui devait être décisive. Si celle-là ne l’éclairait pas, il ne lui resterait plus qu’à s’en aller comme il était venu. Le mystère de cette réclusion ne l’intéressait qu’à cause de Violette, et, s’il ne parvenait pas à le percer, il lui importerait beaucoup moins de délivrer une inconnue, une folle que peut-être on n’avait pas eu tort d’enfermer.

Ce sentiment n’était pas très généreux ; mais, dans la situation où se trouvait Robert, il était excusable.

— Vous vous méprenez peut-être sur mes intentions, reprit-il. Je ne vous veux que du bien, et, si je ne connais pas tous les événements de votre vie, je sais du moins que vous avez une fille.

Robert n’était pas si sûr que cela de ce qu’il affirmait, mais il plaidait, comme on dit, le faux pour savoir le vrai, et cette manœuvre bien connue parut tout d’abord lui réussir.

La prisonnière tressaillait, ses yeux brillèrent et elle releva la tête. On eût dit que le sentiment maternel se réveillait tout à coup dans ce cœur meurtri.

— Voulez-vous que je vous dise son petit nom ? reprit Bécherel, en adoucissant sa voix.

Elle s’appelle Simone.

— Simone ! murmura la malheureuse en passant sa main sur son front comme pour y retenir un souvenir qui la fuyait. Oui…, je connais ce nom… mais… je n’ai pas de fille… Non… je n’en ai pas.

À cette réponse, Bécherel, qui croyait déjà tenir le secret, s’aperçut qu’il fallait en rabattre.

La mémoire de la recluse avait évidemment