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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/259

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— Un jardin !… j’aime les jardins… il y a des fleurs.

— Vous en avez eu un autrefois.

— Oui… il était plein de roses.

— Pourquoi l’avez-vous quitté ?

L’éclair qui avait brillé un instant dans les yeux de la malheureuse s’éteignit tout à coup et elle retomba dans cette torpeur qui désespérait Bécherel.

Avait-elle perdu l’esprit ? ou bien jouait-elle un rôle, et ne disait-elle que ce qu’elle voulait dire, répondant aux questions insignifiantes et se taisant dès que Robert lui en posait de trop précises ?

L’idée lui vint alors qu’en dépit de ses protestations d’amitié, elle le prenait pour un émissaire chargé par son geôlier de lui arracher des confidences compromettantes.

— Elle le craint tant, se disait-il, qu’elle n’ose pas parler, de peur qu’il ne soit aux écoutes derrière cette porte, par laquelle il est entré et sorti. Elle croit qu’il lui tend un piège et que, si elle me racontait ses malheurs, il la tuerait. La terreur lui ferme la bouche.

La supposition était assez vraisemblable, car la victime de ce scélérat avait en ce moment l’attitude soumise et craintive d’un chien habitué à être battu.

Il s’agissait de la rassurer et ce n’était pas facile. Tous les serments du monde n’y auraient rien fait et il n’essaya pas de la convaincre.

Cependant, il fallait en finir, car il ne voulait pas être venu pour rien et il en était encore à douter d’être en présence de la mère de Violette.