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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/270

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reille ?… une insensée qui ne lui apprendrait pas le secret de sa naissance, puisqu’elle a perdu la mémoire en même temps que la raison. Ce serait pour Violette un surcroît de chagrin et une lourde charge, sans compter qu’en arrachant la victime à ses persécuteurs, je ne ferais qu’exciter contre la pauvre enfant Marcandier qui l’est déjà bien assez.

Allons ! décidément, mieux vaut que je renonce à un projet dont le succès n’améliorerait pas la situation de Violette. Je pourrais, avant d’abandonner la partie, consulter le colonel Mornac… Mais d’abord, il m’en coûterait beaucoup de lui raconter mon expédition… je l’ai ratée… il n’y a pas de quoi m’en vanter… et puis, je prévois ce qu’il me répondrait… il me conseillerait de me tenir tranquille et il n’aurait pas tort. Le proverbe dit qu’il ne faut pas courir deux lièvres à la fois. J’aurai bien assez à faire de défendre Violette contre les ennemis qui vont cabaler contre elle, le jour où elle débutera.

Le colonel, qu’il invoquait toujours dans les circonstances graves, aurait peut-être été de cet avis, mais il n’aurait certes pas approuvés sans réserves ce brusque revirement.

Avec la mobilité d’esprit qui était un de ses grands défauts, Robert de Bécherel désertait tout à coup un dessein sur lequel il fondait toutes ses espérances. Il avait rêvé de rendre une mère à Violette, qui renoncerait alors à entrer au théâtre, et qu’il épouserait plus tard avec l’approbation de sa mère à lui, de sa chère mère qui pouvait arriver à Paris d’un instant à l’autre. Ce doux projet s’en allait en fumée, et Robert ne songeait plus qu’à