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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/269

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mais elle s’était remise très vite et il n’avait pu en tirer aucun renseignement positif. L’entretien avait tourné promptement au dialogue haché, aux propos incohérents et il s’était terminé par une explosion d’extravagance.

La malheureuse était folle ; Robert n’en doutait plus et n’espérait pas la guérir. Assurément, elle n’était pas moins intéressante, puisqu’on le retenait de force et surtout puisqu’on lui faisait subir des traitements indignes. Mais Bécherel commençait à revenir de ses idées chevaleresques. Il se disait que bien des familles craignent d’étaler leurs plaies et que les parents de cette pauvre créature avaient peut-être de bonnes raisons pour la garder, au lieu de la placer dans un asile d’aliénés : des raisons privées qui ne les justifiaient pas de la maltraiter, mais qui ne regardaient pas les étrangers.

Qui étaient-ils, ces parents barbares ? Probablement les occupants de l’hôtel de la rue Milton. Marcandier devait être leur complice, ou tout au moins leur confident, et même leur argent, puisque sa damnée concierge surveillait la prisonnière.

Mais il n’y avait aucune apparence que cette vilaine histoire se rattachât à celle de Violette. Pas plus que Mme de Malvoisine, Marcandier ne connaissait le passé de l’orpheline, car s’il avait eu à se reprocher d’avoir séquestré la mère, il aurait bien su empêcher la pauvre fille d’entrer comme demoiselle de compagnie chez la prétendue comtesse.

— Et quand même, se dit Bécherel, quand même j’acquerrais la certitude que cette malheureuse a enfanté Violette, que ferait Violette d’une mère pa-