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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/275

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de Julia était une musicienne accomplie et une cantatrice de premier ordre.

Elle avait appris son rôle avec une facilité extraordinaire ; elle le savait à fond et elle était si sûre de ses effets qu’elle n’avait même plus cette peur d’avoir peur qui trouble les débutantes.

Le colonel Mornac assistait aux répétitions qui marchaient de mieux en mieux. Lui non plus ne doutait pas du triomphe de Violette et il ne cachait pas son opinion à Bécherel, qui venait encore quelquefois lui demander à déjeuner. Il le rassurait même sur les dangers qui menaçaient sa petite amie et il paraissait redouter médiocrement les gens qui lui avaient déclaré la guerre. Il se chargeait, disait-il, de déjouer leurs menées. Mais il n’abordait jamais la question scabreuse de l’avenir des amours de Robert. Il pensait probablement que ces amours suivraient leur cours naturel et il jugeait inutile de rappeler à son protégé les inconvénients d’une liaison avec une actrice.

Un garçon de vingt-quatre ans n’écoute guère ces sortes de sermons et M. de Mornac n’aimait pas à prêcher en pure perte.

De ses récentes aventures, Robert ne lui avait pas soufflé mot, et comme le colonel n’avait jamais pris au sérieux la chasse aux ancêtres que rêvait son jeune ami, il s’abstenait de revenir sur un sujet qui ne l’intéressait guère.

Du reste, il n’avait pas remis les pieds chez la comtesse.

Marcandier ne donnait pas signe de vie. Bécherel lui avait écrit pour lui annoncer son intention de retirer sa signature. L’usurier n’avait pas répondu :