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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/292

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Et l’amoureux de Violette se demandait avec une certaine inquiétude lequel des deux partis remporterait la victoire, si comme c’était fort à craindre, la bataille s’engageait.

Aux secondes, il y avait un public mi-parti : des bourgeoises paisibles attirées par les réclames qu’on avait faites à la pièce et à l’actrice ; de bons jeunes gens, tout fiers d’assister à une première, et des demoiselles sans importance qui n’étaient ni pour ni contre la débutante.

Ce groupe, plus nombreux que les deux autres, représentait le centre dans cette assemblée et suivant qu’il se rallierait aux approbateurs ou aux opposants, la pièce irait aux nues ou tomberait sous une majorité de sifflets.

Bécherel n’y pouvait rien et il reporta son attention sur les fauteuils d’orchestre.

Galimas y trônait au premier rang, Galimas en grande tenue, cambré, frisé au petit fer, étalant son gilet blanc sur sa poitrine bombée comme une cuirasse.

Était-il venu pour chuter Violette ? Robert le souhaitait presque, car c’eût été une excellente occasion de vider leur ancienne querelle. Mais il soupçonnait que, tout au contraire, le coulissier projetait d’applaudir de façon à se faire remarquer de la ci-devant demoiselle de compagnie que naguère il serrait de près, aux soirées de la comtesse de Malvoisine.

Robert ne pouvait pas l’en empêcher, mais il se promettait de le surveiller, surtout à la sortie et, s’il se permettait d’aller attendre Violette à la porte des artistes, de le forcer à quitter la place. La pré-