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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/298

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Tous les spectateurs levèrent la tête pour voir le manifestant et Robert fit comme tout le monde. Il eut la satisfaction d’entendre qu’on criait : « À la porte ! Enlevez-le ! » et de constater que là-haut, les horions pleuvaient sur le siffleur qui se défendait, mais qui finalement fut poussé dehors.

Avant qu’il disparût, Bécherel avait eu le temps de l’entrevoir et, à sa profonde stupéfaction, il lui avait semblé reconnaître son groom Jeannic. Il s’était trompé sans doute. Jeannic lui avait bien demandé la permission de rentrer tard, ce soir-là. Mais quelle apparence que ce Breton se fût payé le spectacle, au lieu d’aller au cabaret boire jusqu’à minuit avec un gars de son pays ? Et si par impossible, il s’était avisé d’entrer aux Fantaisies Lyriques, il ne se serait certainement pas permis de troubler la représentation.

Du reste, le public en masse avait donné tort à l’opposant. Les bravos redoublaient. Mais Herminie et sa mère ne s’y associaient pas plus que Julia Pannetier et ses amies. Toutes celles-là faisaient grise mine et regardaient en l’air, espérant sans doute que le tumulte allait continuer au Paradis et que l’exemple donné par un grincheux des troisièmes allait être suivi par les voisins.

Galimas, en revanche, avait pris le parti de la débutante. Il s’était levé de sa stalle et il applaudissait, debout, pour faire montre de son enthousiasme, et surtout pour attirer l’attention de Violette.

Elle ne songeait guère à lui, la brave fille, et elle n’avait pas perdu la tête. Elle attendait, avec un calme surprenant, que l’orage fût passé et ses