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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/303

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En moins de dix secondes, Bécherel se trouva séparé du monsieur et de la dame et il ne songea point à les suivre, d’abord parce qu’ils l’auraient vu et surtout parce qu’il savait maintenant à quoi s’en tenir sur leur compte.

Le hasard l’avait bien servi en l’amenant sur les talons de Marcandier et de sa douce amie, Julia Pannetier. Il avait eu le plaisir de les entendre déplorer le succès de Violette et il ne croyait pas du tout à l’effet des grands moyens que Marcandier se vantait de tenir en réserve pour empêcher le triomphe final de la débutante.

Robert descendit donc tranquillement et regagna son fauteuil d’orchestre, sans subir, cette fois, le désagrément de passer par-dessus les jambes de Gustave Pitou, qui n’avait pas encore repris sa place.

Galimas occupait déjà la sienne et promenait sur l’assistance des regards vainqueurs. Son sourire triomphant semblait dire à tous : c’est moi qui vais être l’amant et le protecteur en titre de la jolie fille que vous venez d’applaudir.

Herminie et sa mère n’étaient pas sorties de leur avant-scène, et bientôt Bécherel y vit entrer Marcandier qui venait de se débarrasser de Julia en la réintégrant dans sa loge.

Ces dames reçurent très bien leur ami Rubis sur l’ongle. Herminie le fit asseoir près d’elle et entama avec lui un dialogue vif et animé. Bécherel était trop loin pour entendre les paroles, mais il voyait les mines et les gestes. Il en devinait même à peu près le sens.

Herminie commença par gronder Marcandier. Elle lui faisait la moue et sans aucun doute elle lui