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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/31

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— Je vous remercie, mon colonel, dit vivement Robert et je vous promets que vous n’aurez jamais à rougir de moi. Mais je m’étonne que Gustave m’ait donné le conseil de me poser en prétendant.

— Il est payé pour cela. Le père l’emploie dans ses spéculations de bourse et lui fait gagner beaucoup d’argent. Ce père passe pour être l’oncle de la belle Herminie, et il est possible que ton Gustave ne sache pas le fond des choses. Comme tant d’autres, il cherche à faire fortune et il ne s’amuse pas à creuser la situation d’un puissant financier qui le patronne. Je n’ai rien appris de fâcheux sur son compte. Je te conseille cependant de ne pas trop te lier avec lui.

— Oh ! je serai prudent.

— Hum ! ton père ne l’était guère et il lui en a coûté cher. Profite de son exemple et ne te fourvoie pas trop dans des sociétés comme celle-ci.

— Je n’y tiens pas, mais il me semble que vous-même, mon colonel…

— Moi, mon petit, c’est différent ! Je suis blindé et je puis, sans craindre les avaries, prendre mon plaisir où je le trouve.

— Et vous le trouvez ici ? demanda en souriant Bécherel ; ce n’est pas Mlle Herminie qui vous y attire, je pense… ni sa respectable mère.

— Tu n’y entends rien, et tu ne vois les choses qu’à la surface. Ce salon est plein de personnes qui assurément ne seraient pas reçues chez ta mère, et beaucoup d’entre elles ne sont pas séduisantes, mais il n’y vient pas une cocotte. C’est le demi-monde qu’il ne faut pas confondre avec le quart de monde. Toutes ces femmes ont une tare dans leur