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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/30

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— Oui. Ils ont dû jadis commettre ensemble un crime, ou tout au moins une mauvaise action qui a été le point de départ de leur fortune. Personne ne me l’a dit, mais j’en mettrais ma main au feu. Et puis, il y a l’enfant.

— Quel enfant ?

— Herminie, parbleu ! Ton cornac, Gustave, a dû te raconter que cette plantureuse personne est la pupille de la comtesse. Si tu avais du coup d’œil, tu aurais déjà deviné que c’est sa fille. Elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau.

— C’est vrai. Je n’y avais pas pris garde. Alors, le père serait…

— Le commanditaire de Mme de Malvoisine. Ils n’ont jamais voulu reconnaître Herminie, afin de pouvoir lui laisser toute leur fortune sans enfreindre l’article du code civil qui met les enfants naturels à la demi-portion. Et puis, le père est peut-être marié en justes noces. On n’a jamais vu sa femme légitime, mais on soupçonne qu’elle existe.

— Joli monde que tous ces gens-là ! Quand je pense que Gustave prétend qu’il ne tiendrait qu’à moi d’obtenir la main de cette héritière !…

— Il a raison. La soi-disant comtesse et son associé s’estimeraient trop heureux s’ils pouvaient dénicher un gendre comme toi. Peu leur importe que ce gendre soit pauvre, pourvu qu’il ait un nom honorable. Mais je suppose que tu n’es pas disposé à entrer dans cette aimable famille.

— J’aimerais mieux épouser une blanchisseuse.

— Allons ! tu es décidément un brave garçon et je te prie de compter sur moi en toute occasion.